Bonheur-Park. (La Voix des Anges ; 3.)

RODOLPHE, BIGNON Alain

Fin d’une série fustigeant le dessein d’une puissante « Fraternité » : vouloir imposer le bonheur à tous. Disposant d’appui au plus haut sommet du pouvoir, elle n’hésite pas sur les moyens : liquidation des mouvements contestataires ou d’êtres présumés dangereux, formatage des individus dans des camps de vacances paradisiaques. À celui de Bonheur Park, Jason et Alinéa sont ainsi drogués et démémorisés peu à peu par un apéritif très spécial. Mais les violences d’un opposant clandestin les arrachent à leur béatitude.

Cette illustration des excès des régimes totalitaires n’est pas sans rappeler Wells ou Bradbury et critique plaisamment certaines valeurs actuelles : le bonheur à tout prix, l’efficacité, la consommation comme but ultime etc. La finesse du trait et la douceur des couleurs moquent efficacement ce nouveau monde sucré et dépersonnalisant. Le dessinateur Bignon est mort avant d’avoir terminé l’album, le plus explicite et le plus efficace de la série. Les huit dernières planches et la couverture sont donc réalisées par six dessinateurs de ses amis.