Bolchoï confidentiel

MORRISON Simon

En 2013, Sergueï Filine, directeur du Bolchoï, est attaqué à l’acide, cet épisode brutal poursuivant l’histoire mouvementée du théâtre moscovite. Construit au XVIIIe siècle, le bâtiment brûle plusieurs fois ; reconstruit, il brûle encore (Napoléon !). Sa dernière reconstruction – 1856 – le consacre « théâtre le plus somptueux du monde ». Forts de leurs extraordinaires talents, de leur histoire, danseurs, chorégraphes, musiciens se marient, se jalousent, se dénoncent, créent, interprètent des chefs d’oeuvre.   Simon Morrison, professeur à Harvard, historien de la musique, a fait une recherche d’archives considérable, restituée en détail. Biographies, anecdotes abondent, thèmes et librettos sont repris. Deux siècles de représentations, de conflits, d’échecs et de succès se déroulent, les noms illustres se succèdent : Tchaïkovski, Chostakovitch, Prokofiev, Khatchatourian… Petipa, Oulanova, Plissetskaïa… Beaucoup d’autres, moins familiers. Les dirigeants politiques défilent aussi car ils ont toujours revu, censuré, augmenté d’épisodes patriotiques ou idéologiques les projets présentés. Ne faut-il pas donner au monde une image prestigieuse de la Russie ? Le ballet, fierté de tous, nourrit la ferveur du peuple comme de l’élite. Et de ce vrac de données abondantes, parfois répétitives, se dégage, surprenante et passionnée, ce qu’on pourrait appeler « l’âme russe ». (M.W.)