Août 61

COHEN-SCALI Sarah

Ben montre des signes de démence. Sa petite-fille, inquiète, l’emmène à l’hôpital pour des examens. Pendant ce temps, le vieil homme reçoit la visite, en pensée, de Beniek, le jeune réfugié polonais de 11 ans ; tombé amoureux de Tuva, issue d’un Lebensborn norvégien, il a émigré en Grande-Bretagne en 1945 après sa sortie des camps. Le Ben junior de 1955 prend le relais, qui peine à trouver sa place en Angleterre. Beni, en août 1961, raconte comment il a enfin revu Tuva : rejetée par sa mère norvégienne, elle vit en RDA, à Berlin, chez ses grands-parents. Ils s’aiment toujours, mais elle refusera de quitter son pays à la fermeture de la frontière…  Ce roman historique passe d’un totalitarisme à l’autre, pose la question de la mémoire, des émigrations qu’entraînent les tourments de l’histoire, et leur accueil ; il évoque les Boys rescapés des camps en 1945, les Allemands de l’Est fuyant la paranoïa de la RDA, et aujourd’hui les migrants, en France notamment. Une bonne dose de romanesque, avec l’amour fidèle et contrarié de Ben et Tuva, permet d’accrocher le lecteur, de mettre de l’émotion et du suspense dans le récit. La structure narrative originale (le vieil homme interpellé par ses anciens moi) donne du rythme à l’ensemble.  (M.D. et A.T.)