Amour propre

LE BIHAN Sylvie

Giulia, professeur de littérature italienne, a élevé seule trois enfants auxquels elle a le sentiment d’avoir sacrifié sa liberté. Maintenant qu’ils sont tous majeurs, elle compte bien répondre à une invitation à séjourner à la Casa Malaparte à Capri pour y rédiger enfin le livre qu’elle veut consacrer à l’écrivain italien. Mais à la rentrée universitaire 2017, ses fils décident brutalement d’abandonner leurs études et de s’octroyer une année sabbatique. Ses enfants ne vont-ils jamais cesser de gâcher sa vie ?  Sylvie Le Bihan (Qu’il emporte mon secret, NB avril 2017) fait le portrait d’une mère soi-disant indigne, habitée par les frustrations et les désillusions. La solitude où l’héroïne s’enferme pour se remettre en question accroît encore sa colère contre les dictats sociaux qui idéalisent la maternité heureuse. L’auteur fait ressortir le mal-être d’une femme hantée par son enfance sans mère en la plongeant dans l’ambiance méditerranéenne étrange de la maison de Curzio Malaparte. La confrontation intellectuelle de Giulia avec une figure mythique de la littérature italienne n’apporte pas de réelle profondeur à ce roman sur la filiation, l’abandon, et la réticence à procréer. Parfois artificiel et outrancier, surtout dans son retournement final. (T.R. et L.K.)