À ce point de folie : d’après l’histoire du naufrage de La Méduse

FRANZOBEL

1816. Les colonies françaises ont besoin de bras. À la Rochelle, une foule picaresque d’origine sociale hétérogène embarque sur la frégate La Méduse pour Saint-Louis du Sénégal. Cette microsociété tente de vivre ensemble dans ce huis clos. Le commandant de Chaumarey, totalement inexpérimenté et sourd aux avis de son équipage, mène l’embarcation à ce naufrage tristement célèbre.  Franzobel (alias Franz Stefan Griebl), auteur autrichien prolifique mais rarement traduit en français, propose une nouvelle interprétation de cette épopée post-napoléonienne malheureuse. S’appuyant sur toutes les sources documentaires disponibles, notamment le témoignage du médecin de bord qui a inspiré à Géricault sa célèbre toile, il s’attarde peu sur les actes de cannibalisme des naufragés du radeau sauf pour en analyser le mécanisme humain. Le texte, hybride, volontairement outrancier avec une palette de langages incroyablement variée, s’empare de cette pittoresque galerie de personnages. Il évoque puissamment, entre crudité, allusion, finesse analytique pimentés de quelques anachronismes, l’atmosphère de la vie à bord, bruissante de rivalités et de rancoeurs, sa cruauté, ses relations de pouvoir. Ce récit plein de souffle donne une nouvelle image romanesque d’une catastrophe légendaire dont la vérité a volontairement été occultée par les autorités françaises. (S.D. et C.R.P.)