Vue mer

BOUCHERON Bernard du

L’atmosphère est la même que dans Chien des os (N.B. fév.2007) : une communauté vouée au mal, isolée dans un environnement inhospitalier. À Cala Porcx, la mer est perfide, le soleil meurtrier et la terre aussi sèche que les coeurs. Des rustres y vivent misérablement dans des odeurs pestilentielles, avec quelques lueurs d’humanité émanant d’Almira, aussi jolie qu’avisée. Les événements se précipitent jusqu’à la fin apocalyptique du village et de ses habitants. Cala Porcx renaît de nos jours, station touristique terrifiante, qui piège les vacanciers venus du Nord. Le livre explose dans l’autodafé final.

Au début, l’oppression tatillonne du pouvoir, le meurtre, la torture, les pirates relèguent le village à une époque indéterminée, suffisamment lointaine. Mais est-ce si sûr ? En deuxième partie, la station touristique construite sur ce substrat est bien contemporaine, avec la destruction de l’environnement, l’exploitation cynique des touristes et ses techniques modernes dévastatrices. Ces mondes désespérants et presque réalistes sont décrits avec une précision délicate et un vocabulaire raffiné, la torture est détaillée, la logique folle des machinations et des marchandages patiemment décryptée – parfois trop longuement. Et sur ce bourbier, flottent malgré tout les couleurs délicates de l’amour La force satanique du récit est exemplaire.

M. W. et M-C. A.