L’auteur, professeur à l’université de Birmingham, analyse le contre-espionnage anti-allemand pratiqué par l’armée d’armistice, de juin 1940 à novembre 1942, en zone libre et Afrique du Nord essentiellement. Il utilise les archives nouvellement ouvertes du contre-espionnage français, le « fonds de Moscou », passé des Allemands aux Soviétiques, récupéré par les Français en 1990. La police vichyste a torturé des espions allemands : Kitson insiste, après examen des rapports services secrets/gouvernement, sur la volonté de ce dernier de sauvegarder sa souveraineté, sur la difficulté de protéger les secrets d’État dans un pays occupé tout en menant une politique sincère de collaboration, dans le cadre notamment d’une répression de l’espionnage allié, de la persécution des Juifs et de la lutte des menées communistes. Il réexamine les rapports entre Vichy et la population française, réprimant la collaboration individuelle.
Hors de toute polémique, l’ouvrage, rigoureux, est intéressant par l’analyse scrupuleuse des pièces désormais disponibles, plus fiables que les Mémoires publiés depuis la guerre selon lui. Kitson met en évidence – sur un sujet bien connu, dit-il, mais non encore étudié – la complexité du jeu de collaboration mené par Vichy pour son indépendance.