Une vérité si délicate

LE CARRÉ John

Kit Probyn, diplomate anglais modeste et candide, est surpris que le secrétaire d’État Fergus Quinn le choisisse pour représenter le Foreign Office sur le terrain d’une action clandestine : le voilà à Gibraltar, entouré d’ex-commandos britanniques appuyés par des mercenaires américains, chargés de kidnapper un trafiquant d’armes. L’issue lui paraît assez confuse, mais le voile du « secret-défense » recouvre rapidement l’opération… Trois ans plus tard, le secrétaire de Quinn, Tony Bell, découvre peu à peu avec stupeur les arcanes de cette affaire qu’il ignorait. Lors de son enquête, il croise la route de Probyn. Ils entament ensemble une périlleuse démarche pour faire la lumière. Après l’argent sale (Un traître à notre goût, NB juin 2011), John Le Carré dénonce le mal dans un univers qu’il connaît bien, la politique et le gouvernement, où une passivité craintive laisse le cynisme des assoiffés de pouvoir et d’argent étouffer sans scrupule l’exigence courageuse de la vérité. On prend plaisir à voir évoluer ces personnages bien typés dans leur cadre “so british”, servis par des dialogues savoureux et teintés d’humour. L’amertume devant la dérive de nos sociétés est toujours présente, mais quel talent de conteur…