Une mer, une terre

BEN HAGAI Maayan

Anna a quarante-cinq ans. Elle vit avec sa mère depuis de nombreuses années et l’assiste dans une fin de vie difficile. La semaine de deuil traditionnel en Israël est l’occasion pour Anna de faire le tri dans les affaires de la morte : photos, lettres, bibelots, vêtements… Les souvenirs enfouis reviennent à la mémoire de la survivante d’une famille qui a perdu, peu à peu au fil des exils, ses racines et sa fortune. Ce premier roman intimiste, illustration de la bonne santé de la littérature israélienne, met au premier plan des relations mère-fille malaisées. Une fille repense la vie de sa mère, en découvre quelques aspects méconnus et va devoir interpréter d’une nouvelle manière ce dont elle se souvient. L’idée qu’elle se fait du caractère maternel évolue doucement, passant de la colère à la jalousie des débuts à une sorte d’identification compassionnelle tardive. Amertume, déception, désillusion et résignation sont les principales couleurs de cette histoire de femmes aux vies plombées par l’insatisfaction et le repli affectif. Maayan Ben Hagai se livre à un beau travail d’écriture, mais n’épargne pas le lecteur qui ne trouve à aucun moment de répit ou de motif d’espérance dans cet implacable récit de deuils. (T.R. et L.D.)