Une famille très française

GUILLAUD Maëlle

Fille d’une juive marocaine et d’un médecin breton, Charlotte a pour amie Jane, issue d’une famille provinciale étriquée qui la fascine. L’exubérance de sa mère, les traditions marocaines de sa grand-mère, l’humour de son père lui paraissent insupportables au regard de cette famille à laquelle elle cherche à s’identifier. Mais le modèle peut être trompeur.  

Maëlle Guillaud (Lucie ou la vocation, NB décembre 2016) raconte, dans ce deuxième roman, une fable sur l’être et le paraître ; pourquoi une jeune fille issue de l’immigration devrait-elle se sentir inférieure par rapport à une famille française, « bien sous tous rapports » ? Écrit en courts chapitres et en très courtes phrases, le récit est un peu caricatural mais l’émoi de la jeune fille ne laisse pas indifférent. L’auteur décrit de façon juste le malaise adolescent, la culpabilité, la honte de sa famille et la fin de l’insouciance, mais l’ensemble reste assez manichéen et les idées sont trahies par une écriture trop hachée. L’intérêt réside dans le processus d’idéalisation d’une jeune fille aux origines modestes, la peinture de l’hypocrisie bourgeoise et l’évocation des traditions juives. (M.-F.C. et Maje.)