Une étrange histoire d’amour

À vingt ans, en 1853, Johannes Brahms rend visite à Robert et Clara Schumann à Düsseldorf et leur joue sa Sonate en la mineur. Il tombe alors éperdument amoureux de Clara, son aînée de quatorze ans, et partage la vie de cette famille de sept enfants pendant quelque temps, tandis que Robert, sombrant peu à peu dans la folie, est interné définitivement et meurt à l’asile en 1856. Au lendemain des funérailles de Clara, en 1896, Brahms écrit à celle-ci une dernière lettre dans laquelle il décrit les quarante-trois années qui ont suivi leur première rencontre. Cette missive passionnante dévoile, en un long monologue, toute l’ambiguïté de l’étrange amour qui lie ces trois musiciens. Elle évoque d’une part la prodigieuse admiration des deux hommes pour leurs talents réciproques, mais aussi leur vaine adoration commune pour la même femme, Clara, instrument de leur destruction. Un beau roman sur l’art musical où l’auteur analyse avec la même maîtrise que dans La double vie de Vermeer (NB mai 2006) le caractère pathétique exacerbé de ces artisans géniaux de la musique romantique allemande du XIXe siècle.