Un voyage en Inde

TAVARES Gonçalo M.

Bloom part de Lisbonne pour connaĂźtre en mĂȘme temps l’Inde et la sagesse. Et une femme peut-ĂȘtre. Mais il commence par sĂ©journer Ă  Londres oĂč il Ă©chappe Ă  un guet-apens. Dans Paris la voluptueuse il se fait un ami, poursuit sa route vers Prague, Vienne, ailleurs, pensant tout haut, digressant, analysant Ă  l’infini et l’auteur avec lui. Un passĂ© mystĂ©rieux se dĂ©voile par bribes, Ă  tout le moins tragique : Bloom aimait une femme, son pĂšre l’a tuĂ©e, il a tuĂ© son pĂšre… L’Inde fabuleuse et dĂ©cevante enfin atteinte, il retourne vers ce passĂ©, brise ses amarres, se dĂ©pouillant de soi dans un ennui dĂ©finitif… Ce formidable monument littĂ©raire, voyage initiatique d’un « homo portugensis » moderne, se construit sur une glorieuse lignĂ©e. Les Lusiades, Ă©popĂ©e de la conquĂȘte portugaise des Indes, lui donnent sa charpente : dix chants versifiĂ©s, chacun d’une centaine de strophes ; Joyce est lĂ  avec Bloom-Ulysse, Pessoa avec son Livre de l’intranquillitĂ©, bien d’autres encore, Ă  identifier. La forme poĂ©tique n’alourdit pas les ruptures d’un ton qui passe avec la mĂȘme Ă©lĂ©gance du sublime au bouffon, du mĂ©lancolique au moqueur. EnthousiasmĂ©, Ă©bahi, dĂ©bordĂ©, le lecteur ne peut que reconnaĂźtre l’importance de l’oeuvre.