Avec un réalisme implacable, ces vingt-cinq « feuilles » (dont quelques chroniques du « Monde de l’éducation ») témoignent de la difficulté d’enseigner dans un lycée défavorisé : les sujets d’actualité – scolaire et sociétale – (violence, voile, passéisme, virtuel…) et leurs « passerelles » romanesques abondent. Les digressions dans la littérature et l’architecture (Rousseau, Balzac, Barthes, Gaudi…) sont à l’image du vagabondage nécessité par l’apprentissage des lettres… Le « prof » ne peut transférer des connaissances dans l’indifférence. Le bruit de fond du monde extérieur est assourdissant et biaise l’enseignement dispensé : chômage, sexualité dévoyée, télévision normalisante, discrimination multiforme…
Normalienne agrégée de lettres, Catherine Henri base ses « feuilles » sur des sensations : visages et situations priment sur les raisonnements ou conclusions. Si certaines citations et digressions semblent inutiles, si le vocabulaire utilisé est parfois complexe (diacritique, oxymore, cénesthésie, apocope, notule …), la déréliction adolescente et le hiatus croissant entre littérature et univers extérieur sont finement analysés.