Un monde sans rivage

GAUDY Hélène

Copenhague, Musée Louisiana, novembre 2014. Le monde découvre l’épopée d’explorateurs partis en montgolfière pour le pôle Nord durant l’été 1897, portés disparus depuis et dont on a retrouvé, en 1930, sur l’île Blanche, les corps ensevelis sous la neige. Bien plus précieux encore, le journal de Salomon August Andrée, chef de l’expédition marqué par un récent échec, et surtout les pellicules du photographe Strindberg. Après Une île, une forteresse : sur Terezin (NB mars 2016), Hélène Gaudy retrace une aventure héroïque : l’impatience et l’enthousiasme du départ, les arrachements affectifs, l’orgueil et l’inconscience première, le courage et la persévérance, la solidarité et l’amitié indéfectibles tout au long des jours sans nuit et sans horizon sur la banquise. L’humour, la pondération, la mise à distance des mots consignés surprennent : rempart contre le désespoir, moyen d’échapper à l’insupportable. À rebours du temps, l’auteure rappelle les précédentes tentatives : voler, un rêve ? découvrir de nouvelles terres ; se battre avec les éléments. S’ajoute une réflexion sur la photographie : mémoire, immersion et appel vers un ailleurs. Un roman vibrant et glaçant, une narration sobre et dense, un récit bouleversant et profond. (M.-A.B. et B.T.)