Un monde flamboyant

HUSTVEDT Siri

New York, annĂ©es quatre-vingt-dix. Harriet Burden, trop grande, trop cultivĂ©e, trop intelligente, trop fĂ©ministe
 ne trouve pas sa place dans le monde de l’art. Sa soif de reconnaissance lui suggĂšre un stratagĂšme : exposer ses oeuvres – des installations – sous le nom et la personne de trois jeunes gens peu connus, utilisĂ©s comme des masques. Ces artistes masculins sont vite encensĂ©s, prouvant ainsi la difficultĂ© d’ĂȘtre une femme – et une femme atypique – dans ce milieu, plus encore que dans d’autres. ConnaĂźtra-t-elle enfin la cĂ©lĂ©britĂ© ? Siri Hustvedt (Vivre, regarder, penser, NB mars 2013) construit son roman en virtuose : pour cerner son hĂ©roĂŻne, elle donne la parole Ă  ceux qui l’ont cĂŽtoyĂ©e, enfants, amies, amant, psychanalyste, artistes, journalistes
 Ces tĂ©moignages, qui semblent authentifier le rĂ©cit, alternent avec des extraits des carnets intimes laissĂ©s par Harriet. La romanciĂšre ajoute au flou entre fiction et rĂ©el en citant ses sources dans de nombreuses notes. Les thĂšmes de la suprĂ©matie masculine dans la sociĂ©tĂ©, du fĂ©minisme qui lui fait Ă©cho, mais aussi du double que chacun porte en soi, sont magistralement traitĂ©s. Enfin la peinture Ă©rudite et sans concession du microcosme de l’art contemporain est passionnante. Flamboyant !