Tout ou presque sur Ezcurra

GAMERRO Carlos

FĂ©fĂ© revient aprĂšs vingt ans d’absence dans le village de son enfance oĂč a eu lieu un drame en 1977, sous la dictature : dans des conditions restĂ©es mystĂ©rieuses, la police a assassinĂ© Ezcurra, fils unique d’une famille de notables. FĂ©fĂ© se met Ă  interroger les tĂ©moins et les langues se dĂ©lient autour des tables du bar et ailleurs. Personne n’a oubliĂ© la victime : fĂȘtard, coureur de jupons, Ezcurra n’avait pas que des amis. Il avait surtout provoquĂ© la fureur d’un grand propriĂ©taire dont il dĂ©nonçait les exactions et personne n’a pris sa dĂ©fense lorsqu’il a Ă©tĂ© en danger. Mais pourquoi FĂ©fĂ© veut-il faire la lumiĂšre sur cette vieille histoire ?

 

L’auteur, qui a aussi Ă©crit pour le cinĂ©ma, sĂ©quence les scĂšnes oĂč s’expriment les trĂšs nombreux interlocuteurs de FĂ©fĂ©, le narrateur. Avec cette multiplicitĂ© des personnages et la relative raretĂ© des alinĂ©as, on progresse difficilement au dĂ©but dans l’atmosphĂšre empoisonnĂ©e des annĂ©es sombres qu’a traversĂ©es l’Argentine : relations ambiguĂ«s avec une police corrompue et toute puissante, rĂšglements de comptes inavouables, lĂąchetĂ© du plus grand nombre. Puis, au fur et Ă  mesure que la vĂ©ritĂ© se fait jour, le rĂ©cit devient de plus en plus captivant et bouleversant.