En février à Haïfa, il fait froid. Le héros pénètre dans un restaurant français, dégoulinant de sueur après un long jogging. Ce personnage dont on ne saura jamais le nom, est paumé, désoeuvré. La jeune femme dont il est profondément amoureux l’a quitté, ses associés l’ont débarqué de l’entreprise high tech qu’il a fondée. Il comble ses journées en consultant un psy, jusqu’au jour où, apprenant la disparition d’une gamine de dix-sept ans, il partira à sa recherche… Amir Gutfreund (La légende de Bruno et Adèle, HdN janvier 2018), lorsqu’il est mort en 2015, était l’un des écrivains israéliens les plus prometteurs. Son héros sans nom traîne ici sa désillusion et son pessimisme, sa tristesse aussi. Alors qu’il s’investit dans les recherches pour retrouver le corps de la jeune fille, il évoque les événements importants de sa vie, avec ses parents, son oncle Elie mort mystérieusement en Afrique, son jeune frère avocat, personnage rayonnant, son psy auquel il ne raconte rien d’important. Sa vie absurde le ronge. Malgré l’écriture sympathique de l’auteur, on a du mal à s’intéresser aux atermoiements du héros et à sa renaissance hypothétique. (A.M. et J.M.)
Sous le signe du corbeau
GUTFREUND Amir