Sauve qui peut (la révolution)

FROGER Thierry

1988. Jack Lang commande à Jean-Luc Godard un film original pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française. Sans rien perdre de ses activités cinématographiques, « JLG » élabore à ses heures perdues un scénario guidé par la logique fortuite du hasard et de sa vie personnelle. Car il est amoureux de la jeune Rose, fille de son ami Jacques, un historien qui écrit une biographie fantaisiste de Danton : ce dernier a conservé sa tête en 1794 puis assisté sur une île de la Loire aux événements historiques de Thermidor jusqu’à la chute de l’Empire où il a fondé une république, avant de finir sur l’île d’Elbe.   À la fois roman historique, scénario, correspondance amoureuse pleine d’esprit, courriers ministériels ampoulés, cet ouvrage polymorphe joue habilement des styles littéraires, mêlant personnages fictifs et personnalités réelles dans un parallèle insolite entre un destin de Danton et une vie de Godard. Est-ce pour illustrer cette citation de Blanchot : « L’Histoire et le cinéma poursuivent la même idée en cherchant ce beau souvenir qu’est l’oubli » que Thierry Froger emprunte des chemins si extravagants ? Malgré plusieurs passages originaux et brillants, le foisonnement des péripéties annexes et les longueurs finissent par avoir raison d’un lecteur bienveillant. (D.A. et D.D. )