Revolver

SEDGWICK Marcus

1910. Giron, au nord de la SuĂšde. Dans une cabane isolĂ©e, Sig veille son pĂšre qui s’est noyĂ©, attendant le retour de sa soeur et de sa belle-mĂšre parties chercher de l’aide. Un homme surgit, revolver au poing, exigeant la part d’or que lui devrait le mort. Ahuri, Stig cherche Ă  comprendre
 et Ă  gagner du temps. 66Ăšme parallĂšle nord, cadre magique pour un roman d’aventure rĂ©aliste, dans la lumiĂšre glacĂ©e du cercle polaire. Deux villes, Nome en Alaska, Giron en SuĂšde, ancrent avec prĂ©cision la lĂ©gendaire ruĂ©e vers l’or et sa rudesse sans merci. L’atmosphĂšre est palpable, le dĂ©cor est plantĂ©. Celui d’une traque de dix ans que le rĂ©cit, rĂ©trospectif, dĂ©voile par morceaux, Ă  partir de son dĂ©nouement : la mort atroce et spectaculaire du pĂšre de Stig et l’arrivĂ©e brutale du Chasseur qu’il a tentĂ© de fuir, dans cette « Nuit » hallucinĂ©e de rĂšglement de compte manquĂ©. Un huis clos angoissant oĂč se joue le sort de deux hommes. La tension dramatique de ce journal de bord monte au rythme de l’attente et des retours en arriĂšre qui rĂ©vĂšlent le dessous des cartes d’un scĂ©nario fort, servi par la briĂšvetĂ© du roman et la concision de la langue.

 Au-delĂ  de son intĂ©rĂȘt romanesque, Revolver dĂ©veloppe une rĂ©flexion sur la lĂ©gitimitĂ© de l’usage des armes. Des citations placĂ©es en exergue Ă©veillent l’attention. Quand notre vie est en jeu, n’avons-nous d’autre choix que l’alternative insupportable de tuer ou de mourir ? Pour le jeune hĂ©ros, la question se pose plus encore en termes de loyauté : partagĂ© entre les valeurs d’une mĂšre pieuse et idĂ©aliste et le pragmatisme de son pĂšre, il fait l’apprentissage de sa libertĂ© en inventant une « troisiĂšme voie » analysĂ©e aprĂšs coup dans l’épilogue. Habile derniĂšre invention par laquelle, comme un coup de dĂ©, l’arme « dĂ©cide » Ă  la place des hommes ! L’artifice permet de conclure sans escamoter, dans le dĂ©bat, la fascination qu’exercent les armes en question.