Ravel.

ECHENOZ Jean

Tout Echenoz est lĂ , dĂšs l’incipit : « On s’en veut quelquefois de sortir de son bain. » Si c’est Ravel qui sort du bain, c’est Echenoz qui pense, fait partager son scepticisme sur ce que l’on dit, son dĂ©tachement sur ce qu’il voit. Car il voit son sujet, Ravel, depuis le jour de son dĂ©part pour sa tournĂ©e aux États-Unis jusqu’à sa mort, dix ans aprĂšs. EntamĂ© au faĂźte de la gloire du musicien, le roman va lento, dĂ©crit le paquebot “France”, les wagons amĂ©ricains, fait l’inventaire des tenues vestimentaires. Tempo plus enlevĂ©, Ravel compose le “BolĂ©ro”, le “Concerto en sol”, rencontre Wittgenstein, Marguerite Long. Puis tout s’accĂ©lĂšre. C’est qu’on arrive Ă  la fin, Ă  l’accident de taxi, Ă  la perte du talent.

 

Jean Echenoz observe et sait faire de son lecteur un complice (Au piano, NB mars 2003). Avec une syntaxe Ă©conome, un style prĂ©cis, distanciĂ©, l’humour au coin de la phrase, il dĂ©crit un Ravel intime et public, dĂ©sinvolte et dandy, terriblement humain et vivant. C’est Ravel que l’on voit et la petite musique d’Echenoz que l’on entend.