Quelques battements d’ailes

EL FATHI Mickaël, PRATT Pierre

Le temps de la montagne n’est pas le mĂȘme que le nĂŽtre. Elle a connu l’ùre glaciaire et les mammouths, le soleil et l’homme prĂ©historique, le feu, les premiĂšres habitations, le temps de la chasse et de l’agriculture. Plus tard, un homme construit sa cabane sur ses flancs, un chevreuil l’escalade, puis un vĂ©lo. Autour d’elle, une ville grossit, les eaux avancent. Un jour, elle ne sera plus qu’un grain de sable collĂ© sous les pattes d’une mouette et s’envolera.    La montagne, personnage central, trĂŽne au milieu de l’image ; c’est elle qui parle. Comment partager sa perception du temps ? Seuls la lune et les astres peuvent dialoguer avec elle. Mais l’environnement qui change peu Ă  peu donne des indices Ă  observer pour parcourir l’évolution du temps et prendre conscience de sa relativitĂ©. Les grands paysages peints avec une impressionnante gamme de couleurs, le sens de la matiĂšre, l’introduction discrĂšte des dĂ©tails qui renseignent font d’une rĂ©flexion philosophique un moment de poĂ©sie et de plaisir artistique. La montagne au centre de tout passe par toutes les nuances des climats, de l’obscuritĂ© et de la lumiĂšre, un exercice que Monet ne renierait pas. Et quand la montagne disparaĂźt, elle semble plus grande encore, parce que libre Ă  travers les airs. (A.-M.R.)