Que s’ouvre l’horizon

OTT Karl-Heinz

AppelĂ© au chevet de sa mĂšre mourante, le narrateur retrouve le village souabe quittĂ© depuis longtemps. Enfant naturel, Ă©levĂ© par une mĂšre cĂ©libataire, ce statut les a mis au ban d’une sociĂ©tĂ© catholique Ă  la morale Ă©triquĂ©e. Tandis qu’il veille la malade, affluent les souvenirs qui ont jalonnĂ© son enfance, les jours d’hiver frileux, les processions derriĂšre le curĂ©, les travaux saisonniers. RĂ©sonne aussi l’écho d’un passĂ© intime oĂč la figure maternelle, prĂ©pondĂ©rante, n’a jamais cessĂ© d’ĂȘtre au centre de son existence malgrĂ© d’incessantes querelles.

 

Karl-Heinz Ott (Enfin le silence, NB avril 2008) se laisse aller Ă  une longue mĂ©ditation, mĂȘlant passĂ© et prĂ©sent. Dans une Ă©criture subtile et poĂ©tique, il s’interroge sur la force du lien qui relie le fils Ă  une mĂšre qu’il ne cesse de repousser. La description d’un monde paysan allemand qui a disparu, repliĂ© sur lui-mĂȘme, attachĂ© Ă  un mode de vie oĂč le temps ne se gaspillait pas, est pittoresque et animĂ©e. La nostalgie affleure, le regret de n’avoir jamais su trouver l’apaisement auprĂšs de l’ĂȘtre qui lui Ă©tait le plus cher taraude le narrateur, mais subsiste la certitude que l’amour complexe et belliqueux qui les unissait Ă©tait indestructible. Prenant.