Peggy Guggenheim : un fantasme d’éternité

CHALMET Véronique

Richissime, excentrique, instable, érotomane, collectionneuse avisée, les adjectifs ne manquent pas pour décrire Peggy Guggenheim. Ayant perdu son père en 1912 dans le naufrage du Titanic, Peggy se retrouve très jeune à la tête d’une solide fortune. Avide de liberté et d’expériences, elle est introduite dans le milieu de l’intelligentsia new-yorkaise libertine et marginale puis entame une succession de voyages, de séjours en France où elle côtoie artistes et écrivains avant-gardistes. Elle constitue au fil des années l’impressionnante collection qui se trouve maintenant au musée Guggenheim de Venise.  Qu’elle n’ait pas collectionné uniquement les oeuvres d’art est de notoriété publique. Mais est-ce vraiment rendre justice à son flair légendaire que de réduire sa biographie à une longue succession de passions et de mariages plus ou moins heureux et de coucheries passagères ? La démarche est réductrice même si Peggy elle même, dans ses mémoires, se répand complaisamment sur cette facette de sa personnalité. On eut aimé que l’auteure s’attarde davantage sur le passionnant contexte artistique du XXe siècle dans lequel vécut la célèbre mécène jusqu’à sa mort en 1979 et sur sa sensibilité artistique. Le style toujours alerte et vivant de la biographe (Billie Holiday, NB novembre 2005) compense un peu ce manque.