Patati Patata. (Hanashippanashi ; 2.)

IGARASHI Daisuké

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Vingt-deux nouveaux chapitres parlent, à bâtons rompus, de l’amour d’une nature dénaturée par les hommes, observation fine et patiente de petits riens, nuages fuyants, bruits insolites, soleil dévastateur, vent qui tord les herbes. Ces touches impressionnistes font naître l’angoisse ou le rêve dans un univers où les démons familiers de l’animisme laissent une trace reconnaissable. L’homme, cet intrus envahissant, est à peine visible – un ou deux enfants médiateurs du mystère – mais se manifeste dans ses oeuvres : immeubles qui s’élèvent là où s’étendaient champs et forêts, routes qui recouvrent les rivières…

Ce deuxième volume (Hanashippanashi ; 1, LJA février 2006), tout empreint de poésie, délivre un message écologique discret à la manière fantaisiste de Pompoko, le dessin animé diffusé récemment en France, où des ratons-laveurs farceurs luttent contre l’urbanisation galopante. Le traitement des grisés souligne avec force le propos, le tramé joue des verticales, et plus encore dans l’édition originale à l’écriture verticale. Il encadre avec créativité un soleil menaçant autant que les noirs profonds des ciels nocturnes. Un manga hors-norme, sans violence, facile à suivre même si l’on ne connaît pas le folklore japonais, à condition de se laisser porter par cette méditation poétique et philosophique.