Ogresse

MANÇO Aylin

Depuis la sĂ©paration de ses parents, Hippolyte dite H se sent mal, trop de silence, de non-dits. Heureusement, hors de la maison, il y a les copains retrouvĂ©s dans le bus : Kouz, Benji, et aussi Lola et sa balafre ; elle est sa voisine, pas son amie, mais peut-ĂȘtre ont-ils un secret en commun. Une succession d’évĂšnements Ă©tranges l’inquiĂšte. La vieille Madame Munoz a mystĂ©rieusement disparu, le comportement de sa mĂšre a changĂ©, elle ne se rend plus Ă  son travail, passe beaucoup de temps Ă  bricoler enfermĂ©e dans la cave, et surtout elle l’a violemment mordue au poignet.

Si, dans les contes, les ogres mangent les enfants, Ă  Boitfort, banlieue rĂ©sidentielle de Bruxelles en limite de la forĂȘt de Soignes, les mĂšres mordent au sang leurs filles. Ce sujet atroce, incongru, fantastique, est traitĂ© avec habiletĂ©, sans rĂ©pandre d’hĂ©moglobine, avec le contraste chaud/froid entre le huis clos familial et la tranche de vie entre ados. MalgrĂ© le cloisonnement qu’elle exerce entre ses soucis familiaux et l’attitude bizarrement effacĂ©e de son pĂšre, malgrĂ© sa peur et son dĂ©ni, l’hĂ©roĂŻne trouve le courage de s’émanciper grĂące aux amitiĂ©s solides. Un roman atypique, fort, sur l’ambivalence des relations mĂšre/fille. (A.T. et P.E.)