Ô corbeau

MALTE Marcus, SAILLARD Rémi

La complainte d’un corbeau au désespoir s’exprime en un long poème, exposant le mal être de l’oiseau qui ne s’apprécie guère. Son plumage est d’une noirceur à faire peur, son croassement est lugubre, sa vue de mauvais augure. Il pleure sur son sort car il aurait voulu être doté d’un chant aussi mélodieux que celui du rossignol. Eperdu d’amour pour une colombe à la blancheur immaculée, à la voix féerique et cristalline, il abandonne tout par dépit et prend le large. Il atterrit au Pôle Nord et aperçoit une taverne d’où s’échappe un son envoûtant.

 Le texte chantant et rythmé, remarquablement construit, est animé d’un souffle lyrique et enjoué. Le vocabulaire est savoureux, l’humour court-circuite le tragique de l’affaire et quelques références culturelles font le bonheur des plus âgés. En écho à cette fable, l’illustrateur a créé des scènes et paysages dont les tonalités varient,  du plus maussade au plus chaleureux, symboliques des états d’âme du corbeau qui se lamente ou qui rêve. Ville industrielle aux fumées polluantes avec pour seul élément végétal un saule pleureur desséché. Branches d’arbre qui s’épanouissent sur un grand ciel bleu azur  résonnant du gazouillis d’oiseaux multicolores. Banquise glacée et désertique ou fête endiablée à l’intérieure d’un igloo rougeoyant de chaleur.

Œuvre littéraire, oeuvre d’art tout public à découvrir dès 8 ans. Une lecture à voix haute révèlera encore mieux la qualité d’un texte fait pour la scène.