Mon coeur à l’étroit

NDIAYE Marie

Ange et Nadia, la narratrice, sont enseignants dans une école bordelaise. Ils se consacrent à leur métier avec d’autant plus de passion qu’ils ont renié famille et passé. Le respect dont ils étaient l’objet jusque-là tourne brusquement à l’hostilité générale. « Qu’avons-nous commis de répréhensible ? » s’interroge l’institutrice en courbant le dos sous les outrages. Les choses s’enveniment lorsque son mari, victime d’une agression, doit s’aliter. Seul un voisin propose son aide que Nadia prend comme une violation de leur intimité, une manière insidieuse de les asservir. Satire ou démence ?  Dans un roman au climat particulièrement nauséeux, l’auteure de Rosie Carpe (NB mai 2001) développe ses thèmes de prédilection : honte, déni, domination, soumission. Toutes ces forces contraires se partagent le coeur de Nadia. Une construction habile mais compliquée, ponctuée de monologues intérieurs, révèle peu à peu sa monstrueuse personnalité. Mais les démons tapis au secret d’elle-même commencent à s’agiter et Marie Ndiaye abandonne au lecteur le soin de décrypter le sens de cette fable kafkaïenne.