Mère magie

NORAC Carl, JOOS Louis

À l’extérieur, la tempête de neige noie le paysage, les hommes tardent à revenir de la chasse. Au chaud à l’intérieur de la grotte, Attuk et Itiak crient leur faim vers Ama la mère, qui les réconforte de mots doux et de grimaces qui les font rire. Par la magie de son bâton, elle fait le feu qui les réchauffe, mais ne peut apaiser leur faim. Elle dessine des animaux sur les parois. Attuk, rêvant de chasse, est sorti dans la tourmente. Ama, affolée, part à sa recherche, croise un bison chevauché par son fils…

 

Le tandem Norac/Joos est familier de l’univers mystérieux des contes d’origine inuit : l’extrême simplicité des mots de l’un et le trait tourbillonnant de l’autre s’y fondent particulièrement bien. Après Angakkeq, la légende de l’oiseau-homme (2004) et Le sourire de Kiawak (1998), ils entrent dans l’intimité du clan et des rapports entre mère et enfants. La force de la mère, c’est son pouvoir « magique », qui les aide à détourner leur attention de la faim, en inventant des histoires et des mondes d’affection pour pallier ce manque. Sur le fond gris et blanc, froid et rugueux, de la banquise, le trait de Joos donne de la chaleur à la chevelure flamboyante de Mère magie et de son fils. Des traits de pinceaux nerveux, des pastels broussailleux  traduisent l’extrême âpreté des rapports de l’homme avec la nature.