Mémoires d’un bon à rien

SHTEYNGART Gary

Igor naît en 1972 à Leningrad dans une famille juive privilégiée – car propriétaire d’un appartement –, d’un père ingénieur en mécanique et d’une mère professeur de piano. Ses aïeux ukrainiens ont été assassinés. Son grand-père Isaac est mort à Leningrad en 1943. La vie est rude : on fait la queue pour trouver de quoi manger. La vente de l’appartement permet l’émigration vers New York. Dans le Queens, à sept ans, l’enfant, rebaptisé Gary, découvre l’école hébraïque ; les sarcasmes des écoliers s’abattent sur lui, petit émigré frêle et asthmatique : le « bon à rien ». Après trois romans (Absurdistan, NB avril 2008), l’auteur, juif soviétique, livre ses mémoires de jeunesse. Très tôt, face aux boutades des parents, aux invectives des camarades, il ressent échec et médiocrité, mais découvre les bienfaits de l’écriture, source puissante de considération et de reconnaissance. Avec vivacité, il pose un regard facétieux sur le clan familial, le réseau d’immigrés et les mythes d’américanisation. L’antihéros à l’humour mordant fait d’abord sourire, puis agace par trop de détails complaisants sur sa vie estudiantine et ses déconvenues amoureuses. Le stimulant retour en Russie et la découverte du passé paternel ne sauvent malheureusement pas l’ensemble. (J.D. et C.V.)