Mauvaises nouvelles du front

PAGAN Hugues

Sa fonction, il y a cru jadis, l’inspecteur divisionnaire, « mon commandant » comme  l’appellent « les flicards en bleu » qui sont sous ses ordres. Maintenant, toute cette agitation l’indiffĂšre : il n’aspire qu’Ă  sa tranquillitĂ© dans son petit deux-piĂšces qui donne sur les voies de chemin de fer. Le pire, ce sont les permanences de nuit : il voit dĂ©filer toute la dĂ©tresse humaine, tant du cĂŽtĂ© des policiers – guĂšre Ă©pargnĂ©s – que des prĂ©venus. Ce ne sont bien souvent que de pathĂ©tiques « dĂ©rapages mal maĂźtrisĂ©s ». S’appuyant sur ses vingt-cinq ans de service, Hugues Pagan (DerniĂšre station avant l’autoroute, NB dĂ©cembre 1997), ancien professeur de philosophie entrĂ© dans la police, scĂ©narise une dizaine de nouvelles Ă©crites sur trente ans, dont la premiĂšre est vraiment dĂ©concertante. L’argot cĂŽtoie une langue policĂ©e aux accents souvent rageurs, parfois Ă©mouvants. Les faits exposĂ©s parlent d’eux-mĂȘmes. C’est drĂŽle et sinistre, dĂ©senchantĂ© mais humain. MĂ©lancolie des soirs de biture, peur mortifĂšre, sale boulot inutile, sentiment d’impuissance
 L’écriture souligne avec force la grisaille de cet univers. (M.-A.B. et A.Le.)