Magic Bab el-Oued

KASSA Sabrina

Anissa, élevée dans l’ignorance totale de ses racines algériennes,  découvre à 30 ans, sur des photos, que son père a été harki. Elle décide de partir à Alger rencontrer la famille de ce dernier : son oncle taiseux et ses cousins-cousines, qui s’entassent dans un appartement à Bab el-Oued. Elle découvre une ville chaotique et délabrée, des habitants amers et déboussolés. Passionnée de photos, elle les mitraille. C’est ce qui sauvera son cousin Chems, qui se découvre le sosie d’Obama, d’une situation embrouillée et potentiellement dangereuse, à jouer les Présidents sur fond de mosquées dans des vidéos. Le point de départ est séduisant, qui semble promettre de parler des racines, de la honte de soi et de ses origines, des non-dits qui engendrent le mal-être ; les chapitres sautent d’un narrateur à l’autre pour un panorama plus large. La découverte d’Alger qui ne se remet pas des espoirs déçus de la révolution, des dysfonctionnements du pays et de l’amertume de ses habitants, trop souvent désoeuvrés, est également intéressante. Mais cette double thématique s’échoue sur une intrigue qui se dilue en cours de route comme si elle n’intéressait pas vraiment l’autrice. L’écriture vive et enlevée, rythmée, inclut des mots d’arabe ; elle insuffle de l’énergie et de l’humour au roman mais ne rattrape pas une fin trop rapide, gentille et superficielle. (M.D. et J.G.)