Mademoiselle Coeur Solitaire.

ORTIZ SĂ©bastien

Dans « FenĂȘtre sur cour », d’Hitchcock, apparaissait furtivement une locataire que James Stewart appelait Mademoiselle Coeur Solitaire. La voici maintenant promue personnage principal dans cette cour oĂč donnent tant de fenĂȘtres, et surtout celle barricadĂ©e aprĂšs le drame et derriĂšre laquelle se terre le “regard”. Car le narrateur n’est qu’un regard aussi attentif qu’impuissant sur cette femme qui le fascine et dont il imagine les pensĂ©es et les sentiments. Petit Ă  petit, derriĂšre ses fenĂȘtres aux stores parfois baissĂ©s, Mademoiselle prend corps, esprit et souffrance, alors que les autres locataires ne sont que seconds rĂŽles.

 

L’idĂ©e est originale, le style excellent. Peut-on rapprocher ce roman trĂšs intimiste de TĂąleb (N.B. aoĂ»t-sept. 2002) qui avait mĂ©ritĂ© une Ă©toile ? Nous voici ici dans un registre totalement diffĂ©rent, mais avec une rĂ©ussite littĂ©raire encore plus aboutie, celui des formes prismatiques de la solitude et de l’indiffĂ©rence. Il n’est pas vraiment indispensable de bien se souvenir du film pour apprĂ©cier Ă  nouveau cet auteur plus que prometteur.