Madame Geoffrin : femme d’influence, femme d’affaires au temps des Lumières

HAMON Maurice

Née en 1699, Marie-Thérèse Rodet, à quatorze ans devient Madame Geoffrin. Son mari, vieux mais riche, est un gros actionnaire de la Manufacture royale des Glaces, récemment établie à Saint-Gobain. Peu cultivé, il accepte pourtant que son épouse tienne salon rue Saint-Honoré, la rue à la mode. Pendant cinquante ans, cette femme sans véritable éducation, allie finesse et autorité pour pratiquer l’art de la conversation avec des écrivains, des artistes, des hommes politiques et surtout des philosophes. Montesquieu est « son père » et d’Alembert « son fils ». Avec sa propre fille – seize ans de moins seulement – c’est une lutte intellectuelle continuelle, alors que, veuves toutes deux, elles vivent sous le même toit !

 

L’auteur de cette biographie minutieuse est un spécialiste de l’histoire de Saint-Gobain et ne parvient pas à l’oublier. Cependant le portrait de Madame Geoffrin moins connue que ses nobles rivales est tout en nuances et corrige quelques idées reçues sur les philosophes des Lumières. Bourgeoise, elle prend néanmoins le roi de Pologne sous sa protection, rencontre Catherine II et Marie-Thérèse d’Autriche… Pour rendre compte de cette vie étonnante, voire étourdissante, l’écriture manque un peu de souffle, l’auteur tenant trop sans doute à ne cacher aucun détail.