Autoportrait en vert.

NDIAYE Marie

Décembre 2003. Les eaux de la Garonne gonflent avec une implacable régularité et menacent les maisons d’inondation. Tandis que chacun attend, Marie Ndiaye revient par la pensée à un jour printanier où elle conduisait dans la douceur de l’air ses quatre enfants à l’école. La vision fugace d’une femme toute vêtue de vert la poursuit. Rêve ou réalité ? Consciemment ou non, elle habille de cette couleur les figures féminines qui ont assombri son chemin : une ogresse à l’école maternelle, son amie de lycée devenue l’épouse de son père, qui rompt à plaisir l’ordre des générations, sa mère enfin : mal aimante, inflexible, faussement vertueuse.

 De ses parents monstrueusement égoïstes, elle voudrait oublier l’image. Mais elle dessine d’une plume incisive les contours ambigus de leur personnalité, esquisse les désastres dont ils sont la cause. L’auteur de Rosie Carpe (NB mai 2001), continue à explorer avec finesse les errances de l’âme, le dédoublement, l’ambivalence des sentiments filiaux. Et les eaux troubles du fleuve montent aussi insidieusement que le malaise latent qui la submerge.