Machin Truc Chouette

BEN KEMOUN Hubert, JOFFRE VĂ©ronique

Vu l’état de ses habits et de ses chaussures, le nom impossible Ă  mĂ©moriser qui est le sien, chacun devine que le nouveau venu vient de trĂšs loin. Il se bricole une maison, fait des travaux ici et lĂ , apprend quelques mots de français. Un jour, il est mĂȘme appelĂ© Ă  dĂ©fendre la patrie. Mais quand il rentre de la guerre et qu’il parle de faire venir femme et enfants, les gens peu reconnaissants lui font comprendre qu’il doit partir.

Seul le petit Gaspard, accompagnĂ© parfois de deux ou trois enfants, sauve l’histoire dĂ©sespĂ©rante de cet exilĂ© que les habitants regardent affronter les difficultĂ©s sans bouger. Il aime Ă©couter cet homme raconter des histoires et chanter. Pour les autres, son nom imprononçable se rĂ©sume Ă  Machin-Truc-Chouette ou Machin-Truc-Bidule, c’est selon, mĂ©prisant de toute façon. L’illustration, collages aux angles abrupts, aux teintes ternes, sont Ă  l’image de l’indiffĂ©rence des autochtones et l’invisibilitĂ© de l’exilĂ©. Les regrets trop tardifs de la population ne compensent pas la mĂ©chancetĂ© des adultes, l’impuissance des enfants. Un livre pour dĂ©noncer et faire rĂ©flĂ©chir, mais  dĂ©moralisant dans son manichĂ©isme. (A.-M. R. et M.-J. C.)