Ma meilleure amie s’est fait embrigader

BOUZAR Dounia

Camille et Sarah sont amies pour la vie, des adolescentes comme les autres, plutĂŽt privilĂ©giĂ©es. Soudain, en peu de temps, Camille change de comportement, Ă  la maison comme au lycĂ©e. Sarah ne comprend pas. Elle, musulmane,  voit sa meilleure amie sombrer dans une dĂ©rive sectaire : Daech. Camille sera sauvĂ©e Ă  temps, arrĂȘtĂ©e Ă  la frontiĂšre. Mais l’expĂ©rience ne s’arrĂȘte pas lĂ  ; vient le temps de la dĂ©radicalisation. L’intĂ©rĂȘt du rĂ©cit est de faire alterner les discours de Camille et Sarah, musulmane. Le dĂ©lire mystique de la convertie est confrontĂ© Ă  la pratique sereine de l’Islam de Sarah. Le processus de radicalisation est bien dĂ©crit, fait prendre conscience que toute tentative de raisonner la victime est vaine. La deuxiĂšme partie, qui aborde la dĂ©radicalisation, est aussi importante que la premiĂšre, pour les proches d’abord, mais aussi pour les amis, comme Sarah. RĂ©aliser le vide que ressent celui qui a cru ĂȘtre « Ă©lu », l’aider Ă  se reconstruire, passe exclusivement par l’affectif. Se sentir aimĂ©, protĂ©gĂ© est  primordial. Dounia Bouzar a choisi la fiction pour sensibiliser  adolescents et parents. Si les mĂ©dias ont parlĂ© d’elle, une notice sur ses compĂ©tences et ses engagements aurait donnĂ© plus de poids au livre.  Docteur en anthropologie du fait religieux et de la laĂŻcitĂ©,  elle a fondĂ© le Centre de PrĂ©vention des dĂ©rives Sectaires liĂ©es Ă  l’Islam (CPDSI), est Ă  l’origine de mĂ©thodes de dĂ©sembrigadement. (A.-M.R. et M.D.)