L’interrogatoire de Gabriel James

PRICE Charlie

Dans une petite ville du Montana, Gabriel James, lycéen moyen en tout même dans son sport favori – le cross country – est interrogé longuement au commissariat. Témoin de deux meurtres et d’un incendie, deux policiers cherchent à démêler son degré d’implication. Au fil de l’interrogatoire, la vie de Gabriel James lui revient en flash-back et c’est comme s’il s’analysait. Adolescent maladroit, il n’a pas plus de chance en amour qu’en amitié. Il déteste son père mais aimerait tellement qu’il soit encore en vie. Il semble incapable de s’affirmer, de s’impliquer. Pas plus qu’il ne veut gagner ou s’améliorer à la course – en veillant à ne pas être éliminé. Comme un caillou dans l’eau, l’onde de choc englobe le collège, les caïds s’imposant par la force, la drogue. L’arrivée d’un Indien, admis grâce à ses performances de coureur, est l’occasion d’étaler la bêtise et le racisme ordinaire de la plupart des élèves. Puis c’est toute la communauté, adultes compris, qui est concernée quand Gabriel rapporte ses rencontres avec l’ancien gourou qui ne terrorise plus que ses enfants. Les hippies de jadis, épris d’amour libre et de drogues douces, ont fui la dérive sectaire du vieillard autocrate. Mais les conséquences sont toujours là et ramènent à Gabriel, à sa quête d’image paternelle et à son manque de confiance en lui. Il sortira libre du commissariat mais pas indemne. Portrait d’adolescent en crise, peinture d’une Amérique rurale bien loin des moeurs de New York  ou de la Californie, ce huis clos est conté dans un style direct et efficace par un écrivain lui-même psychiatre et enseignant. Ce tableau saisissant nécessite de savoir prendre un certain recul. Pour adolescents et adultes. L’interrogatoire de Gabriel James est nommé pour l’Edgard Award 2011, catégorie « Young Adults ».