L’île joyeuse

POWELL Dawn

Prudence est chanteuse de cabaret à New York dans les années trente. Issue d’une famille modeste de l’Ohio, talentueuse et dépourvue de scrupules, elle a su devenir la coqueluche du Tout-Manhattan. C’est là, dans la frénésie des fêtes nocturnes, qu’elle fréquente la bourgeoisie argentée, les membres influents de la presse, du théâtre et du cinéma – et leurs nombreux parasites. Au sein de cette faune survoltée, fortement alcoolisée, intrigues, racontars, trahisons et scandales en tous genres vont bon train. Notre vedette perd son amant puis le retrouve après s’être consolée dans les bras d’un ami d’enfance, un dramaturge débutant à l’intransigeance rafraîchissante. Écrit en 1938 par une étoile filante de la littérature nord-américaine réhabilitée dans les années quatre-vingt, ce livre de Dawn Powell (Le café Julien, NB mars 2008) a le mérite de bien restituer l’atmosphère dans laquelle baigne une élite mondaine, très proche de celle des romans de Chandler ou Scott Fitzgerald, ses contemporains : phonographes, martinis dry, paquebots transatlantiques et gants en peau de chamois servent de décor à cet avatar très « sexe, swing et babillage » du snobisme éternel. Un tourbillon social distrayant plein d’exotisme « années folles », mais sans grande dynamique romanesque.