Les dormeurs

DENIS Stéphane

NĂ© Ă  Saint-Moritz un 29 fĂ©vrier, Philip Julius, dont le pĂšre est mort dans l’explosion de sa chambre d’hĂŽtel, est gestionnaire de fortune, spĂ©cialisĂ© dans les transferts de fonds douteux. Ayant quittĂ© Paris inopinĂ©ment, il rĂ©side Ă  GenĂšve, quand la directrice d’un hĂŽtel lui propose d’occuper la magnifique maison d’un certain Anton Beucle, recevant en outre une trĂšs importante rĂ©munĂ©ration. ParallĂšlement, son associĂ©, le vieil avocat RenĂ© Simon, qui avait des accointances avec une milliardaire, lui propose de s’occuper d’un compte trĂšs ancien. Entre Zurich et BĂąle, Chypre et Singapour, Julius, « homme de confiance », sera aussi « homme de paille ». Mais n’est-il pas manipulĂ© ? L’auteur a bien campĂ© le personnage de Julius, Ă  la fois cynique et efficace, sceptique et dĂ©sabusĂ©. Mais le rĂ©cit est tellement allusif qu’il en devient Ă©nigmatique et que l’on entrevoit les turpitudes plutĂŽt qu’on ne les constate : Ă©vasion fiscale, transferts illĂ©gaux, transports de valises et ces dormeurs du lac, dont les actifs se sont accrus au fil des dĂ©cennies et paraissent passer d’une fortune Ă  une autre, exempts d’impĂŽts. En sorte que le suspense suscitĂ© au dĂ©part se perd en route. Ce petit livre colorĂ©, au style alerte, non dĂ©pourvu d’humour souffre d’une insuffisance structurelle.