L’enfant de l’étranger

HOLLINGHURST Alan

1913. En séjour chez George avec lequel il a une liaison cachée à Cambridge, Cecil Valance flirte avec Daphné, la petite soeur de seize ans, et lui dédicace un poème, début d’une carrière littéraire fulgurante qui s’achève en 1916 lorsqu’il meurt au front en France. Daphné épouse le frère de Cecil dont elle ne tardera pas à divorcer et s’oblige à entretenir la mémoire du héros dans le château familial comme le veut son rang. Dans les années soixante-dix, un jeune employé de banque, homosexuel et ambitieux, projette d’écrire la biographie de ce poète de seconde zone.  Cette peinture très brillante d’une aristocratie intellectuelle et homosexuelle à travers le triste destin d’une femme, Daphné, qui connut tant de personnages riches et célèbres, artistes, peintres, hommes de lettres, sert de toile de fond à l’évolution de l’intelligentsia gay dans l’Angleterre du XXe siècle, ce monde sans « hommes à femmes », vrai héros de ce gros roman. Cinq séquences de 1913 à 2008 décrivent chacune à peine quelques journées d’une écriture nerveuse, facilement caustique, et jouent avec talent des non-dits et des flash-back. Un plaisir de lecture qui se mérite.