Le Testament de Marie

TÓIBÍN Colm

AprĂšs le drame du calvaire, Marie, rĂ©fugiĂ©e Ă  ÉphĂšse, raconte. Elle se sait proche de sa fin et deux interrogateurs tentent d’orienter son discours. Sa version de la vie de JĂ©sus est purement humaine : il est son fils et celui de Joseph. TrĂšs intelligent, il a Ă©tĂ© entourĂ© d’agitateurs et de pauvres gens dĂ©semparĂ©s ; le drame final est un montage fait par les chefs des prĂȘtres, la rĂ©surrection un faux bruit. AccablĂ©e de tristesse, elle prie chaque jour, mais se tourne vers le culte d’ArtĂ©mis. À travers ce rĂ©cit psychologiquement plausible, on retrouve les Ă©pisodes des Évangiles, mais sous un angle diffĂ©rent, voilĂ©s d’une mĂ©lancolie intense et du remords d’avoir quittĂ© le Calvaire avant la mort du fils. TourmentĂ©e par ceux qui veulent rĂ©diger la vie de JĂ©sus, la narratrice affirme sa vĂ©ritĂ©, sombre et tenace : il n’y a rien de surnaturel, elle occulte les miracles ou les rĂ©duit Ă  de l’autosuggestion, mais dĂ©fend son fils contre les accusateurs. La relation mĂšre-fils avait dĂ©jĂ  fait l’objet de L’épaisseur des Ăąmes (N B juin 2008) ; l’auteur a du talent, cependant le livre est douloureux et sans espoir. (E.B. et B.T.)