Nokcheon Suivi de Un éclat dans le ciel.

LEE Chang-dong

L’auteur, cinéaste, a réalisé « Peppermint Candy », peinture très sombre de la Corée du Sud, de son dur régime policier, thème traité aussi dans ces nouvelles écrites en 1992. L’une dépeint Joonsik, professeur besogneux, enfin arrivé et convenablement logé avec femme et enfant. Surgit un demi-frère, bel athlète drôle et charmeur, l’opposé du mari, bedonnant et sinistre. L’épouse, d’abord hostile, est séduite et la jalousie est mauvaise conseillère. Shinhye, vingt-huit ans, voudrait prouver aux policiers qu’elle est serveuse dans ce village minier pour regagner l’argent de ses études, sa mère courageuse n’admettant pas son expulsion de l’université pour participation aux réunions contestataires. Au commissariat, les sévices nombreux incluent violences physiques, privation de sommeil et de nourriture, viol… mais elle nie tout engagement révolutionnaire.

 

De nombreux retours en arrière racontent le dénuement et l’impuissance du petit peuple coréen, les bassesses que la police encourage, les dénonciations. Beaucoup se réfugient dans l’alcool ou meurent de maladies professionnelles (mineurs) ; aucune liberté, aucun état de  droit. Cette vision désespérée a une force étonnante, les personnages attachants ou déplaisants sont d’une vérité criante. Mais l’horreur est partout la même et sans “couleur locale”.