Professeur de lettres, Atilio Cereghetti veut devenir un écrivain célèbre. Austère, besogneux, claquemuré dans la bienséance et le devoir, il piétine. Émoustillé par une idée soudaine, adopter un pseudonyme, soutenu en cela par sa compagne, il se fabrique un double, Lucas Malley, frimeur, branché, malléable. Totalement cloisonnées, leurs vies sont parallèles : Atilio rame, Lucas réussit.
Avec une maîtrise identique à celle de L’arbre aux mensonges (NB mai 2004), l’auteure signe un roman à la construction maîtrisée, conçu comme une pièce de théâtre : la narratrice n’est autre que Camille, héroïne du livre écrit par Lucas. Ainsi se mêlent avec talent les voix des personnages réels et imaginaires. Derrière une impression choisie de légèreté se profile le regard observateur, aigu, critique d’un certain monde littéraire, des romans voyeurs, des faux-semblants. Par fines touches pertinentes percent des réflexions sur le rôle du masque, l’ambivalence de celui des femmes : fées et sorcières. Ironie, portraits à l’emporte-pièce, finesse d’esprit contribuent au bonheur de lecture.