Le lieu perdu

HUIDOBRO Norma

Argentine. 1977. La junte militaire est au pouvoir. Le policier Ferroni est chargé de rechercher José Luis, un cheminot subversif qui a disparu. Pour retrouver sa trace, il part dans un petit village du nord de l’Argentine et s’intéresse à Marita, qui tient le bar-restaurant local avec sa grand-mère. Marita recevait des lettres de son amie Matilde, compagne de José Luis. Ce sont ces lettres, brûlantes d’amour pour le cheminot, que Ferroni s’acharne à récupérer. Il se heurte à l’opposition farouche de Marita, mais trouve une alliée en la personne de la « sale bique » de grand-mère. Seule la vieille Natividad, paysanne illettrée, vient en aide à la jeune fille et lui sert de confidente. Quant à Ferroni, arrivé de Buenos Aires, il étouffe sous la chaleur accablante et dans la poussière envahissante du village. Ses obsessions, réveillées par des images, des couleurs, des odeurs, des saveurs, remontent d’un passé très douloureux, enfoui au plus profond, créant une tension dramatique qui va croissant jusqu’au dénouement…

 Un drame aux accents de tragédie antique se noue entre les quatre personnages. La présence de la nature est obsédante, les lieux comme les êtres sont décrits avec une sensuelle minutie. Les dialogues, les lettres, les voix off s’enlacent, s’étouffent ou se superposent. Le style de Norma Huidobro, à la fois précis et impressionniste, mêle habilement images poétiques, langage parlé. Incantatoire et parfois naïf, le ton propre aux contes accentue l’atmosphère envoûtante de ce roman très évocateur où violence et retenue se conjuguent. Une lecture captivante.