Le dernier témoin

SŎNGJONG Kim

En Corée du Sud, dans les années soixante-dix, l’inspecteur O Pyongho, veuf dépressif que l’on a relégué dans un commissariat de province, est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un notable de la région et sur celui d’un avocat. Ses méthodes d’investigation, au plus proche du terrain et des gens, le ramènent vingt ans en arrière, pendant la guerre de Corée, au moment de l’écrasement de la guérilla communiste. Il tente alors de soulever la lourde chape de plomb qui a recouvert le massacre d’un groupe rebelle, et masque toujours les agissements cyniques de certains profiteurs ainsi que le sort misérable réservé à des témoins sans défense. En situant l’action à l’époque où les deux Corée se séparent, l’auteur a le mérite de ressusciter un contexte oublié : les conditions dramatiques dans lesquelles a été vécue cette scission par les populations locales. Au-delà d’une intrigue compliquée opposant de vrais méchants à d’innocentes victimes, ce roman policier aurait pu susciter une certaine curiosité, entre histoire et exotisme. Mais les situations caricaturales et les interminables dialogues sont lassants. Et, malheureusement, à la construction foisonnante et maladroite s’ajoute une traduction pour le moins littérale, qui rend le déchiffrage particulièrement méritoire.