Le début de la tyrannie

BANON Tristane

Alice est dévorée de remords et de culpabilité le jour où l’un des cancers les plus mortifères est diagnostiqué chez sa mère Maud. Elle ne peut envisager de vivre ni avec elle ni sans elle, sans son hypocondrie maniaque, son énergie flamboyante, sapée par la maladie. Quand elle organise pour elles deux un séjour à Cuba, elle est encore une fois cruellement déçue. Seule sa disparition, puis l’oubli, finiront peu à peu par la libérer d’une tutelle oppressante. Affirmation d’un talent d’écriture déjà présent dans ses ouvrages précédents (Trapéziste, NB février 2007), ce livre ouvre encore une piste pour l’exploration, jamais achevée, du rapport mère-fille. Tissu de contradictions et de doutes, le dialogue entre ces deux femmes, finalement aussi audacieuses et volontaires l’une que l’autre, trouve sa conclusion logique dans la mort. Survient le besoin de faire le bilan d’une vie où surnagent surtout des souvenirs de souffrance et de dépression. Morbide et complaisant, le roman, purement fictif, laisse le lecteur perplexe, soulagé ou interloqué selon son humeur, mais nullement indifférent.