Le cri des feuilles qui meurent

FOFANA Libar M.

En 1970, poussĂ© dehors avec son pauvre baluchon, FotĂ©di vient de sortir de la prison de Conakry oĂč on l’avait oubliĂ©. Étourdi, affamĂ©, il rencontre Balamori le guĂ©risseur, dresseur de mots, et s’amuse avec un seau rempli de rayons de soleil. Dans le piaillement des oiseaux, un arbre accueille sous ses branches un peuple de mendiants, perdu, rejetĂ© non loin de l’hĂŽpital. Sali la lĂ©preuse leur lit des histoires, protĂšge FotĂ©di et son sac de rĂȘves, s’occupant de son bĂ©bĂ© magnifique et remerciant avec sourires et louanges les passants charitables.  Ce conte de misĂšre et d’entraide est peuplĂ© de nombreux autres personnages comme Aruna l’aveugle, Gassimon persĂ©cutĂ© par sa femme, Ramatonlaye l’homosexuelle, l’affreux Dents-de-rat
 Un morceau d’histoire de la GuinĂ©e, devenue indĂ©pendante, socialiste et islamisĂ©e sous la prĂ©sidence de SĂ©kou TourĂ©, imprĂšgne l’ouvrage. ExilĂ© en France, l’auteur guinĂ©en (N’Körö, NB avril 2005) n’a pas pour autant reniĂ© ses racines. L’amour pour son pays, malgrĂ© la pauvretĂ©, la dĂ©lation et la corruption qui y rĂšgnent, jaillit d’une Ă©criture inventive, colorĂ©e, pleine de sentences et de malice, Ă  la maniĂšre d’un griot.