Le cosmos est mon campement (La horde du contrevent ; 1)

HENNINOT Éric

Cela fait huit cents ans que cela dure. La prochaine horde sera la trente-cinquiĂšme, certainement la derniĂšre grĂące Ă  l’expĂ©rience acquise par les prĂ©cĂ©dentes. Sa mission, toujours la mĂȘme, remonter le vent jusqu’à sa source, l’extrĂȘme-amont, et permettre ainsi l’espoir de changer le cours du vent. Cette nouvelle horde est surentraĂźnĂ©e, il s’agit probablement de la plus aboutie. Son dĂ©part est planifiĂ© pour la prochaine baisse d’intensitĂ© de ce vent incessant. C’est alors le dĂ©part des dix-neuf enfants prĂ©parĂ©s pour le vaincre. DĂšs que l’accalmie survient, ils se jettent sur la route avec Ă  leur tĂȘte Golgoth le traceur, vrai leader de ces hordiers. Vingt-sept ans plus tard la horde est plus expĂ©rimentĂ©e, plus soudĂ©e, plus solide. Elle doit se prĂ©parer Ă  une terrible Ă©preuve, celle de la vague ; une dĂ©ferlante de vent qui balaye tout sur son passage et qui a Ă©tĂ© fatale Ă  bien d’autres hordes avant celle-ci. Et ce sont les premiers morts, puis les premiĂšres fĂȘlures de cette indispensable osmose, de cette unitĂ© vitale qui permet aux hordiers, tou- jours, de combattre et vaincre ce vent maudit. La force et la diversitĂ© des caractĂšres de chacun sont autant un atout qu’un objet de lutte permanent pour conserver l’unitĂ©. Juste avant l’apparition de la vague, la horde intĂšgre une nouvelle venue. Elle doit passer cette Ă©preuve pour espĂ©rer intĂ©grer le groupe.Le scĂ©nario de Damasio se prĂȘtait pourtant difficilement Ă  une mise en image de ce monde fantastique et si particulier dont le vent est le hĂ©ros principal. L’histoire est Ă  la hauteur du best-seller de l’auteur, tout en progression et en intensitĂ©. Servi par un dessin trĂšs rĂ©aliste l’ouvrage est superbe ; la beautĂ© des paysages souligne la rĂ©ussite des personnages et leurs diverses singularitĂ©s. Il nous est proposĂ© tant dans le scĂ©nario que dans les dessins, des rĂ©alisations en permanence Ă  la frontiĂšre du rĂ©el ; un vent omniprĂ©sent sur une planĂšte imaginaire, des personnages trĂšs humains qui possĂšdent tous des pouvoirs particuliers voire surnaturels. Henninot nous montre, nous fait sentir le vent, Ă©lĂ©ment central de l’histoire, nous permet de l’entendre au travers d’un dessin qui magnifie la beautĂ© des paysages et des personnages. Le trait est fin, prĂ©cis, soutenu par des couleurs tout en camaĂŻeu et dont la dominante change presque Ă  chaque page. Pour finir, la nĂ©cessaire osmose de la horde et ses difficultĂ©s Ă  durer augmentent la richesse de l’analyse psychologique et en font un ouvrage complet et une trĂšs belle rĂ©ussite. Le roman Ă©tait un chef d’oeuvre, ce premier tome laisse bien augurer de la rĂ©ussite de cette adaptation BD si les tomes suivants sont de la mĂȘme qualitĂ©. (E.B. et V.L.)