L’Antéchrist

STANEV Emilian

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Fils du peintre officiel du tsar bulgare Jean-Alexandre (1331-1371), Enio refuse d’en être le scribe et, rejeté par son père qui le qualifie d’enfant du diable, se réfugie dans un monastère hésychaste. Euthyme, patriarche de Tarnovo (1375-1393), le met à l’épreuve auprès d’un vieux moine acariâtre, ancien brigand. Mais, sous l’emprise de Satan, Enio, devenu frère Théophile, succombe aux charmes d’une femme dévergondée et rejoint une secte hérétique. Par jalousie, il tue un Grec trop entreprenant, puis un archimandrite lubrique. Démasqué, marqué au fer rouge, banni, puis submergé par la conquête ottomane, prisonnier-esclave d’un officier turc, il finit par décapiter ce dernier avant de rejoindre une Bulgarie plus clémente. Au-delà du dépaysement médiéval et géographique, ce roman, sans fin abrupte, vaut par son fondement théologico-philosophal opposant Dieu et Satan en la personne de Théophile aspirant à la sainteté et, antéchrist, se vautrant dans le crime et le mal. Franchie une histoire bulgare mal connue, cette aventureuse introspection spirituo-temporelle, aux accents nihiliste, d’un auteur (1907-1979) qui écrivait en 1970 sous l’oeil de Moscou, suscite intérêt et interrogations.