La Vocation

À Milan, Luigi, trente ans, assure son quotidien comme plongeur dans un fast-food et survit grâce à sa passion pour l’Histoire dont il n’a pu poursuivre l’étude. Il s’immerge dans l’épopée d’Attila, puis dans celle de Charles XII de Suède, espérant ainsi être publié, reconnu. Une amitié exigeante, une amoureuse fidèle ne retiennent pas cet homme à une réalité qui le terrorise et l’inhibe. Habité par l’échec de sa vie, il imagine l’enlèvement d’une enfant. À l’hôpital psychiatrique, il découvre, dans l’enfermement, la liberté d’écriture, mais bascule dans une schizophrénie irréversible.

Pour traduire la personnalité complexe de Luigi, l’auteur le place dans des décors et des situations minutieusement inventoriés en de longues phrases narratives, amples, enveloppantes. Dans ce roman à la tension dramatique croissante, l’écrivain analyse le besoin de sécurité, le masochisme complaisant d’un homme que son pessimisme sur la condition humaine, son asociabilité amènent à l’anéantissement. Avec l’abolition des émotions, s’efface la Vocation hautement revendiquée du héros : penser, étudier, privilégier l’activité cérébrale. Un beau roman dense et poignant, riche de références philosophiques et historiques.